Libéralisme, totalitarisme ?

Qu’est ce que le totalitarisme ?

Hannah Arendt dans son livre « Les origines du totalitarisme »1 définit le totalitarisme comme une organisation massive d’individus atomisés et isolés. Sa finalité est de créer un monde parfait en s’appuyant sur une idéologie de rationalisation (c’est-à-dire en s’appuyant sur une conception logique et parcellaire) et en se proclamant porteur de « la solution » pour atteindre cette perfection. Son éducation consiste à détruire la faculté mentale de se forger des convictions et rend ainsi caduque chez l’individu, la possibilité de distinguer ce qui relève du concret et de la fiction. « Un régime totalitaire ne s’installe pas par la force comme les dictatures ou les tyrannies classiques mais de manière légale, bénéficiant du soutien populaire » (voir livre de Catherine Vallée, « Hannah Arendt, Socrate et la question du Totalitarisme »2, page 70).

Pour qu’il y ait soutien populaire, il faut que les hommes soient devenus « hommes de masse ». L’homme de masse n’a pas, n’a plus, de conviction propre. Il a capitulé de l’intérieur et se retrouve déraciné et isolé même au milieu des siens. L’idéologie totalitaire par sa logique le rassure et lui donne l’impression de faire partie d’un tout organisé. L’homme de masse est séduit par la cohérence du système. Le totalitarisme est une pathologie du rejet de la mort avec en réaction une quête de pureté irrationnelle : une humanité « pure », une classe sociale « pure », un capitalisme « pur ».

Nazisme, communisme, libéralisme, tous dans le même sac totalitaire ?

Le nazisme, pour arriver à ses fins instaure la lutte des races, le communisme, la lutte des classes et le libéralisme la lutte des égos, du un contre tous et contre tout. Chaque totalitarisme s’appuie sur une logique et il ne faut pas oublier qu’à chaque fois, de brillants intellectuels ont été séduits.

Le nazisme justifie la lutte des races comme loi de la nature (le petit manuel d’Hitler tente de prouver la suprématie d’une race).

Le communisme justifie la lutte des classes comme loi de l’histoire (le petit livre rouge de Mao et l’avènement des classes prolétariennes).

Le libéralisme justifie la lutte du un contre tous et contre tout comme loi de l’économie pour arriver à un capitalisme purgé de toute ingérence humaine (voir le livre « Capitalisme et liberté » de l’ancien pape néolibéral, Milton Friedman).

Histoire du libéralisme…

Le libéralisme s’est développé en plusieurs étapes. Depuis 2009, nous sommes à la cinquième étape. Dès qu’il est entré dans une phase de violences, il a justifié ses exactions par la protection contre les communistes, puis contre les terroristes et les anti-libéraux. Dans l’invisible, sa cible principale a toujours été et reste le système dit « d’économie mixte ».

Etape 0, 1913 à 1950 : la doctrine néo libérale se formalise et se teste à l’échelle mondiale. Les moyens de communication sont encore embryonnaires, mais les infrastructures s’organisent (ports, gares, aéroports, moyens de transports) et le pétrole apporte la puissance nécessaire à de telles transformations. La crise de 1929 et jusqu’à la seconde guerre mondiale mettra un frein au capitalisme et indirectement au libéralisme et permettra l’instauration d’une économie mixte inspirée de l’économiste John Maynard Keynes (capitalisme et socialisme cohabitent ensemble pour garantir la production et le commerce mariés à des systèmes sociaux de protection et des systèmes de contrôles financiers).

1° étape, de 1950 à 1965 : une structure d’appui se met en place avec sa doctrine (les enseignements de Friedrich Hayek puis Milton Friedman), ses polices (FBI principalement et des polices cachées à travers les structures de multinationales), ses universités (la première étant celle de Chicago), ses leaders (Milton Friedman notamment), la formation et la dispersion de ses «évangélistes», une stratégie traduite pour tous types d’intervenants et à toutes les échelles, celle du choc. Le choc est d’abord testé individuellement comme moyen de faire table rase dans la tête d’une personne par des séances d’électrochocs, de médicamentations, de sévices corporels et psychiques. Il est repris comme système de torture par la CIA et ses sbires puis employé dans la guerre économique contre les populations. On crée un choc (par exemple renversement politique par la force ou on profite d’un « choc naturel » comme un séisme) pour imposer des mesures libérales aux pays et aux peuples concernés. Ceux qui résistent sont chassés, ou déportés, ou emprisonnés, ou torturés ou assassinés en appliquant la méthode de choc pour les individus.

2° étape, de 1965 à 1982 : les premiers essais de libéralisme grandeur nature sont réalisés en Indonésie, au Chili, en Argentine et au Brésil. On y brade des actifs d’états au profil de multinationales ou de particuliers. Aux Etats-Unis, le président Nixon bloque en partie la doctrine néolibérale par ses choix sociaux.

3° étape, de 1982 à 1989 : avec l’Angleterre qui adopte la stratégie néolibérale c’est le système économique mondiale qui bascule dans le libéralisme mais le monde reste bipolarisé est/ouest et la puissance militaire reste autonome.

4° étape, de 1989 à 2009 : la chute du mur de Berlin puis l’effondrement de l’URSS marquent l’avènement du néo libéralisme. Le rêve américain a gagné, « yes we trust » !!!

L’événement du 11 septembre 2001 sera le choc utilisé pour lancer la privatisation de la guerre et des armées. Cette fois ci le troisième totalitarisme a tous ses outils pour partir en campagne. La crise économique de 2009 catalyse les dérives de ce système malgré sa capacité à avancer masqué.

5° étape, 2009 et la suite : la crise de 2009 a, ou plutôt, aurait du déclencher le « stop çà suffit » car cette fois ci, même l’Occident a été touché. Depuis, nulle part on peut dire « je ne savais pas ». Le pillage est devenu trop énorme et évident. La fenêtre internet dévoile depuis longtemps les drames les plus cachés. Partout dans le monde des voix se font entendre et sont entendues pour dénoncer la meute libérale. Il y a enfin l’opportunité pour qu’une résistance significative s’organise et se mette en place face au totalitarisme libéral.

L’accélération de l’histoire.

Dans les années 80, Margareth Thatcher s’appuie sur son « succès » de la guerre des Malouines dont elle tirera son surnom « la dame de fer » pour imposer le système libéral  aux Anglais. C’est le départ d’un modèle de libre circulation de tout ce qui se vend et des capitaux à l’échelle mondiale. Si beaucoup d’Anglais vont en subir les conséquences dans un premier temps en perdant leurs emplois, la finance et les multinationales anglaises et américaines vont en tirer une apparente richesse phénoménale (aujourd’hui 98% des transactions monétaires ne correspondent pas à des échanges de biens et services réellement existant). Assez rapidement les multinationales et les banques du monde entier vont leur emboîter le pas, condition sine qua non à leur survie. En réalité, on vient de déclencher rationnellement le pillage accéléré de tout ce qui se monnaie ou qu’on va rendre monnayable (par exemple les brevets sur le vivant) dans les moindres recoins de la planète. Les hommes du monde entier sont alors en admiration devant cette profusion matérielle et technologique. La fin de l’URSS et la chute du mur de Berlin voient l’avènement du rêve capitaliste. Le bien sous l’appellation « monde libéral » a triomphé du mal incarné par le bloc communiste. Le libre-échange n’a plus de barrière et obtient le soutien populaire planétaire et de la plupart des états. Grâce à la liberté des marchés et des capitaux, tous les hommes seront riches, libres et heureux. Ce fut, c’est le cas pour une minorité toujours plus réduite qui, en effet, est toujours plus riche et libre, une liberté de liberticide. Heureuse ? J’en doute. Elle sait qu’elle est la principale cause du désastre écologique, social et humain instauré ces dernières décennies. Et il faut alors rappeler de tristes choses, des tableaux noirs qui ont fait dire « plus jamais çà ». Il y a eu la triste liste des déportées de camps de concentration… Et il y a aujourd’hui une autre liste… Le rêve capitaliste a engendré la suite de l’enfer à l’échelle du monde et dans toutes les parties du monde. Certes, les sommets dans l’horreur machiavélique des camps de concentration nazis restent inégalés, mais sous d’autres aspects, notamment quantitatifs, il semblerait que ce soit pire. Naomi Klein3 (voir son livre « La stratégie du choc ») et un certain nombre d’articles, m’ont permis de recenser une partie des traumatismes engendrés par le système libéral.

À l’origine, juste après la seconde guerre mondiale, il y a quelques expériences en laboratoires pour mettre en place une méthode de prise de pouvoir sur les pays et les populations. Quand on lit pour la première fois ce qu’écrit Naomi Klein sur ce sujet, on se dit que ce n’est pas possible. Ce qu’elle décrit sur la « thérapie de choc » d’abord à l’échelle d’un individu puis en passant par toutes les étapes jusqu’à l’échelle du monde et dans tous ses recoins, je ne crois pas qu’elle le sorte de son imagination. Son pavé de 800 pages est particulièrement long à ingurgiter et semble parfois se répéter mais c’est précis, très documenté et permet de se rendre compte des liens entre les évènements. Au fil des pages, cela devient une évidence. Voici donc une liste loin d’être exhaustive, mais déjà largement significative, de la violence mise en oeuvre depuis plus d’un demi-siècle par le « totalitarisme façon libéral »… (Dans cette liste, quand il n’est pas précisé qui appui, qui provoque un événement, qui forme, etc…   Il s’agit des libéraux, de leurs alliés et représentants).

 

La liste…

1948 : création de la section « Stay Behind » puis « Guardia » (le Glaive) par la CIA sous couvert de l’OTAN pour des actions terroristes contre le communisme.

1948 à aujourd’hui : choc en Palestine et en Israël. Si l’origine de conflit n’a rien à voir avec le libéralisme, depuis la fin du XX° siècle, le commerce très lucratif des systèmes de défenses et des techniques de renseignements a besoin d’un terrain pratique pour vanter son savoir faire. Dans ces conditions, la paix n’est pas prête d’arriver entre les deux.

1950 à aujourd’hui : prise de pouvoir par des multinationales dans la majorité des pays africains. Soutien des libéraux aux oligarchies corrompues pour organiser le pillage des matières premières, le commerce de la guerre et des reconstructions accentuant les séparations.

1953 : appui à l’Iran, officiellement pour contrer le communisme, officieusement pour le contrôle du pétrole.

1956 : formation des boys de Chicagos. Ceux qui vont aller porter la bonne parole libérale partout en Amérique du Sud.

1961, puis 1975, puis 1985 : guerres et choc en Angola pour officiellement contrer le communisme en s’appuyant sur les conflits ethniques. Officieusement pour le contrôle du pétrole et des diamants, le trafic d’armes et les spéculations immobilières. Au moins 500 000 morts. 3,5 millions de déportés.

1964 : choc au Brésil avec l’appui des libéraux à la junte militaire. Vague de privatisations du secteur public et début de l’exploitation accélérée des ressources du pays.

1964 : choc en Equateur avec l’arrivée de la compagnie pétrolière Texaco.

1965 : choc en Indonésie avec l’aide de la « mafia de Berkeley ». 500 000 à 1 million de morts. Vague de privatisations du secteur public.

1966 : lancement de la révolution verte en Inde puis au Brésil et en Chine puis dans toute l’Asie. Ce lancement s’est fait sous prétexte des famines connues par ces trois pays vers 1950. La fondation américaine rockefeller a appuyé le lancement de blé et de riz dits à haut rendement avec au départ des subventions pour l’achat des semences et une politique de prix stables et l’achat des récoltes par l’état. Ensuite cela a permis d’étrangler et contrôler les petits producteurs.

1970 : les pays agricoles du monde entier remembrent leurs terres pour rentrer dans la production de masse et les monocultures.cela a permis de reconvertir des usines nées de la seconde guerre mondiale et développer un marché gigantesque au tout mécanique.

1973 : chocs au Chili avec Pinochet et les boys de chicagos. 3200 morts, 100 000 emprisonnés, 20 000 personnes en fuite. Vague de privatisations du secteur public. Chocs en Uruguay et au Paraguay. Vague de privatisations du secteur public.

1975 à 1990 : choc au Liban. Trafic sur les armes et la reconstruction.

1976 : chocs en Bolivie. Vague de privatisations du secteur public.

1976 : Chocs en Argentine. 30 000 disparus. 50 % des Argentins passent sous le seuil de pauvreté. Vague de privatisations du secteur public et contrôle des terres par une petite oligarchie.

1980 : Entrée de la Chine dans le système d’économie libérale conseillée par Milton Friedman4. L’usine du monde se met en place au pas de charge. En dix ans, plus de 200 millions de ruraux sont entassés dans des bidonvilles et autant sont exploités dans les nouvelles usines.

1982 : chocs en Angleterre avec la guerre des Malouines et la première vague de privatisations d’entreprises publiques en Occident. Plus de 1000 morts et 12 000 syndiqués congédiés.

1983 : Chine, création de la PAP (police armée du peuple) forte de 400 000 hommes pour combattre les « ennemis économiques » à l’intérieur du pays. (400 000 hommes qui combattent depuis presque trente ans, cela fait combien de morts, de torturés et d’emprisonnés ?).

1983 : le Darfour au Soudan, choc pour le pétrole. Plus de 2 millions de morts.

1989 : Chine, place Tiananmen (plus de 4000 morts, plus de 100000 emprisonnés). Officiellement la Chine a maté les opposants du peuple et du communisme, officieusement, ces opposants manifestaient pour plus d’équité et de justice sociale.

1989 : chocs en Pologne. On passe de 15% de la population en 89 sous le seuil de la pauvreté à 60% en 2003. Vague de privatisations du secteur public.

1990 à aujourd’hui : démantèlement des pays de l’Europe de l’Est et de ceux nés de l’ex union soviétique au profil de multinationales couvertes par des oligarchies locales. Le démantèlement consiste à l’exploitation sauvage des richesses naturelles des pays concernés, l’asservissement d’une partie de la population et la déportation d’une autre partie de la population devenue gênante pour ce type de commerce.

1990 : guerre en Irak. Officiellement c’est une guerre contre Sadam Hussein, officieusement, c’est pour le contrôle du pétrole au Moyen-orient par les Américains et leurs alliés.

1992 : chocs en Inde. Début de la construction des barrages et des exploitations minières par des multinationales étrangères.

1993 : Russie, prise du pouvoir par Eltsine et privatisation des grandes entreprises d’état via les oligarques russes et leurs mafias. Depuis 10 ans, entre 20 000 et 40 000 assassinats mafieux par an. Plus de 80 millions de Russes seraient sous le seuil de pauvreté actuellement.

1994 à 1996 : guerre en Tchétchénie. 100 000 morts, 400 000 déportés. (Eltsine pensait pouvoir faire une guerre éclair et redorer son blason avant les élections en matant la population tchétchène décrite comme hostile au peuple russe… Il ne s’attendait pas à une telle résistance de la part des tchétchènes, mais il a réussi à réveiller le nationalisme du peuple russe).

1994 : choc avec la guerre du Yémen pour le contrôle du pétrole et du gaz.

1994 : guerre au Rwanda. 800 000 morts, 1,2 million de déportés. (Beaucoup d’armes vendues)… Le pays a été poussé à la monoculture et les chutes du cours de ces denrées, une population très dense et un groupe ethnique minoritaire qui a le pouvoir ont été les ingrédients de ce génocide. A noter que c’est au début du XX° siècle que les colonisateurs allemands puis belges vantent la supériorité génétique des tutsis et en 1931 une carte d’identité ethnique est mise en place seulement abolie en 2003…

1996 : 1° guerre au Zaïre sous l’impulsion des marchands d’armes et des grandes compagnies minières en recherche de nouveaux marchés. Au moins 30 000 morts.

1998 à 2003 : guerre du Congo (anciennement Zaïre). 9 pays africains concernés. Plus de 4 millions de morts. Enorme marché pour les vendeurs d’armes.

1997/98 : chute des tigres asiatiques sous la pression des marchés (Thaïlande, Indonésie, Philippines, Vietnam). Des cinq tigres, seule la Malaisie est épargnée car elle avait rétabli les contrôles de mouvements de capitaux ce qui est contraire aux valeurs du libéralisme. Le choc qui a suivi a permis de nombreuses privatisations abusives dans tous ces pays au profit de multinationales. Cela a aussi généré 24 millions de chômeurs supplémentaires, 20 millions de nouveaux pauvres, des vagues de suicides et des milliers d’enfants prostitués.

1998 puis 2002 à aujourd’hui : guerres et chocs en Afghanistan. Officiellement c’est la chasse aux terroristes qui motive cette guerre. Officieusement c’est contrôler un pays riche de pétrole, de gaz et de métaux précieux et situé entre la Russie et la Chine.

1999 : Yougoslavie. Début de la guerre privée et officielle sous couvert de l’OTAN. Vague de privatisations du secteur public.

1999 à 2000 : deuxième guerre en Tchétchénie. 25 000 à 50 000 morts.

Attentat du 11 septembre 2001 : vague de privatisation aux USA dans le domaine du militaire et du renseignement. Début de la croisade pour le contrôle du Moyen orient et de l’Asie centrale.

2000 : Choc au Japon qui résiste mais ne s’en sort pas. En dix ans, trois millions de chômeurs en plus et un pays en crise sur le sens des valeurs.

2003 à aujourd’hui : guerre d’Irak. Tentative de privatisation de l’ensemble des entreprises du pays par les Américains et leurs alliés avec notamment le contrôle du pétrole. Reconstruction imposée au profit de multinationales occidentales. Plus d’un million de morts.

2003 à aujourd’hui : guerre au Soudan. Plus de 300 000 morts. Plus d’un million de déportés. Le pétrole est toujours au centre des « négociations ».

2004 : Sri Lanka, Thaïlande, Maldives et Indonésie : mise en place d’un gigantesque programme d’immobilier touristique financé par des multinationales. Cela fait suite au tsunami qui a touché ces pays avec les populations qui ont été chassées du bord de mer, officiellement pour leur sécurité. Seuls les pécheurs de Maldives ont résisté.

2005 : USA, Nouvelle Orléans : vague de privatisations dans la reconstruction et dans la réorganisation des services et institutions suite à l’ouragan Katrina. Si l’ouragan n’est pas le fait des hommes, la responsabilité du système libéral est en cause. Les 1300 morts et la totalité des déracinés (80 000), étaient déjà des délaissés du système.

2006 : guerre puis tentative de choc au Liban avec la main mise des multinationales privées dans la reconstruction du pays. Cette tentative de choc avorte, car les Libanais avaient déjà eu une expérience de cette forme de « thérapie » et la refusent.

2009 : choc économique et social mondial qui génère au moins 400 millions de personnes pauvres en plus. Les pays occidentaux sont eux aussi touchés.

2010 : choc en Haïti. Les multinationales étrangères (Canada, France, USA notamment) se battent pour obtenir les marchés de reconstruction.

2010 : chocs en Grèce et en Irlande, les deux pays européens les plus marqués par le système libéral et qui subissent en retour la crise de 2009. Ils sont apparemment « sauvés » par l’Europe et des investisseurs étrangers comme la Chine pour les Grecs, au prix de réduction budgétaires drastiques et des conséquences d’appauvrissements importants pour certains.  D’autres pays européens sont aussi sous tension et devraient subir prochainement les mêmes traitements de chocs : privatisations de secteurs publiques, baisse importante du nombre de fonctionnaires et du montant de leurs salaires, perte de droits sociaux et économiques.

2011 : chocs en cours sur le pourtour nord africain de la Méditerranée et le Moyen Orient.

La tentative d’émancipation des peuples du nord de l’Afrique envers leurs oligarchies ne plaît pas aux marchés qui saluent cette révolte par la baisse des notes de cotation des pays concernés, une montée des prix des denrées alimentaires et des autres produits de base. Si ces pays sont étranglés par les dettes ou artificiellement isolés par les marchés, il y a des chances, comme en Afrique du Sud, en Pologne, en Russie et bien d’autres pays, que les anciennes oligarchies soient remplacées par des multinationales ou des mafias internationales encore plus bestiales.

Alors le libéralisme ??? totalitarisme ???…

 

1 Hannah Arendt, Les Origines du totalitarisme, Eichmann à Jérusalem, Gallimard, 2002.

2 Catherine Vallée, Hannah Arendt, Socrate et la question du Totalitarisme, Ellipses, 1999.

3 Naomi Klein, La stratégie du choc, Léméac/Acte Sud Babel, 2008.

La stratégie du choc consiste à profiter d’une crise ou de la créer, pour imposer à la population des réformes visant principalement à désengager l’Etat ou la région concerné de ses responsabilités. Des actifs sont alors bradés au profit de multinationales et ce qui auparavant était géré collectivement devient privé. La stratégie du choc peut être aussi appliquée à des individus sous forme de séquestrations, tortures, déracinements, déportations, voir assassinats. Les individus visés sont ceux s’opposant à ces privatisations imposées.

 

4 Naomi Klein, La stratégie du Choc, op. cit., p. 286 .

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