« Un séisme majeur»
La terre a tremblé deux fois dans les Alpes… Des petits tremblements de 2 à 3 sur l’échelle de Richter… Pas de quoi en faire un gruyère.
En politique, en France, il vient aussi d’y avoir un séisme. Pas un petit séisme, non, un « séisme majeur». Celui qui non seulement fait trembler mais crée l’irréparable, une fracture ouverte et béante, que rien ne peut réparer. On est pourtant habitué aux séismes en politique. Et beaucoup pensez, au moins ceux qui ont voté socialiste aux dernières élections présidentielles, qu’avec ce gouvernement, on avait jugulé le risque de gros séismes. Et pan… Le ministre du budget liquéfié. Comme par hasard, le choc moral se situe là où c’est le plus sensible, au cœur des tensions actuelles : le fric, le pouvoir d’achat, les partages de gâteaux… C’est un séisme majeur car il est de trop. Un peu comme s’il y avait un séisme de même intensité que le précédent à Fukushima, avec ses piscines toxiques suspendues…
Le choc va-t-il réveiller les 1« troupeaux de consommateurs égo-grégaires » ?
Malgré la dose massive d’anxiolytique qui lui est administré, il semblerait que le peuple a bien compris ce qui se passait. Il semblerait que dans toutes les couches sociales et d’âges, plus personne n’est dupe. Le peuple sait enfin qu’il est seul et non représenté par ce qu’il reste des institutions politiques et des partis. Mais le peuple a encore majoritairement la bouche pleine en France. Les réactions extérieures devraient rester molles… Le peuple devenu animal sait qu’il ne peut plus que compter sur lui-même et s’il fait le dos rond quand on le caresse dans le sens du poil, par ailleurs, il aiguise ses griffes. Et le peuple, quand il est seul, bien sagement assis devant sa TV, gronde, rumine… Ne sentez-vous pas cette tension ? Ne voyez-vous pas ces ballonnements difformes créés par la colère et les ressentiments ?
Il y a trop longtemps que ceux qui constituent le peuple, ont perdu non seulement l’idée mais l’image même du citoyen (celui qui défend les intérêts de la cité avant les siens). Et comme on va vers une pénurie de ce qui gavait ce peuple et qu’il le sait. Et comme sa pensée est endormie et qu’il n’a plus que ses instincts pour agir où plutôt réagir, pas le meilleur de lui-même… Aïe, aïe, aïe !!!
« Tout pour moi, moi contre tous ! » vont clamer à leur tour les « nouveaux veausquetaires de la rétribution ». Cette rétribution qui consiste à dépouiller le voisin et le faible sans partage, elle est faite de façon soft depuis des décennies par les oligarchies qui ont le pouvoir, les anciens veausquetaires. Les nouveaux veausquetaires, c’est une grande partie du peuple et pas seulement le rebut des banlieux. Tous ceux qui vont franchir allègrement le gué de la conscience morale, pour dépouiller ceux qu’hier encore, ils croisaient dans leur quartier. Pourquoi se gêner vu l’exemple d’en haut ? Et si les choses viennent à manquer, pourquoi ne pas se servir là ou encore elles sont ?
Les derniers incidents de Grigny dans le RER ne sont que des prémices… Je suis triste à l’avance des barbaries à venir.
Le temps est venu de faire un procès moral aux politiques et oligarches véreux. Il ne s’agit pas de tous les politiques et de tous les puissants, mais une grande proportion… Ce procès, il faut le faire maintenant. Car une fois que la digue sera rompue et que le peuple se déchaînera, il n’y aura plus que des victimes… Vous avez dépouillé le peuple du savoir, de la culture, de l’art, d’un rapport sein à l’argent, aux institutions et à la loi… Vous avez détruit une bonne partie du vivant, défiguré et intoxiqué la Terre. Vous avez même réussi à pourrir l’inconscient collectif et individuel… Votre dette est immense. Le Titanic va bientôt percuter l’iceberg. Serez-vous à nouveau dans les rares canots de sauvetage, ou porterez-vous à bout de bras, les enfants hors de l’eau, jusqu’à vos dernières forces ?
1 Dany-Robert Dufour, Le divin marché, Denoël, 2007.